mercredi 5 octobre 2011

Souvenirs de finance


Il y a quelques jours un lexique de la finance a été publié dans le monde : Les mots de la finance. L'occasion de partager avec vous mon expérience de la finance. En 2008, j'ai fait un stage de 7 mois dans une banque. Ci-dessus ce que j'ai écrit á ce sujet á l'époque:
Il a fallu choisir…un stage !
Je déteste choisir. Je ne sais jamais quoi choisir.
Je choisis en fonction de « mon feeling » aux entretiens.
Aussi, un mercredi matin de février, je me suis rendue à un entretien pour être analyste ISR (Investissement Socialement Responsable), offre à laquelle j’avais postulé par hasard car c’est « éthique » mais c'est  dans une banque…..
Vincent, un ami proche, avait réussi à la fois à me faire détester encore plus la finance et à éveiller en moi une curiosité vis-à-vis de ce monde « à part ».
A l’entretien, j’avais peur qu’ils me posent des questions précises, j’ai bien insisté sur le fait que ce que je préférais dans ISR était SR…Ils ont noté dans mon CV des éléments de mon parcours jusqu’à là jamais mentionné : « mon Diplôme de Français Langues Etrangères ». Ils ont été très accueillants mais je ne m’imaginais pas dans ces bureaux lá.C’était bien trop calme, trop austère, c’était tout simplement une banque. 
Quelques jours plus tard, j’apprends que je suis prise et qu’il faut que je donne ma réponse au plus vite. Martine, la responsable, m’explique dans les détails en quoi ce stage pouvait m’être intéressant mais surtout « que je ne stresse pas » que je passe un bon week-end ; j’ai beaucoup apprécié son attention et j’ai senti que c’était une personne non seulement intelligente mais aussi attentionée. J’ai accepté le stage quelques jours après. J’ai attendu jusqu’au dernier moment pour signer la convention mais je m’y suis rendue comme prévu le 21 avril.

Premier impression : « plus que 110 jours entiers ici à la CIC CM asset management » 4 rue Gaillon près de l'Opéra.
 Le lieu : l'immeuble est un dédale, plein de bureaux qui se ressemblent, plein de banquiers et autres cadres actifs qui se ressemblent aussi...des tons fades, des tables étroites, une lumière morose, une clim cassée, un bureau petit pour 2, des open spaces,  du calme et des tempêtes….un réfectoire et une cafét’ comme à l’école.Le rush est à 12h30, pas le droit de prendre plus de 2 pains, le café à 40cts, le menu à deux euros. Une machine à café, un distributeur d’eau, de la moquette sale, des cartons qui trainent.
 Les gens : des bandes de copains de classes ou plutôt de services " gestion d"actifs" ou « gestion des taux" ou gestion des...Je suis introduite à tout le personnel de l’étage, le 6ème : gestion des actifs et commercial., « "pauline dewitte, nouvelle stagiaire ISR, elle viendra sûrement vous poser des questions, ca l’intéresse beaucoup ce que vous faites"... « euh..la gestion quantitative ou structurée ?... » « petites valeurs ou midcap ? »…je suis perdue. Quelques yeux se lèvent derrière leurs 2 voire 4 écrans d’ordi. Les commerciaux me serrent la main. Je rougis un peu.
Je découvre le monde de l’entreprise…
10h, pause café : les amis de Thierry (mon collègue, analyste ISR) parlent
de la bourse, du cours des actions…etc… «  Vous imaginez l’action groupama a été vendue à 50 euros et 2 mois après elle n’était plus qu’à 30 euros ? c’est un scandale, n’est ce pas ?.. » J’acquiesce bêtement.
J’avais oublié le fait que faisant mon stage dans une banque, j’allais être forcément entourée de gérants et d’analystes financiers. J’étais restée sur mon nuage ISR= Développement durable.
Le midi, je déjeune avec Thierry et un autre ami à lui dans la finance aussi et il me demande entre 2 sushis "pourquoi la finance?". La finance ?.
Et je lui ai raconté mon parcours : Amérique latine/ socio culturel. Il est resté pensif autant que moi face au cours de la bourse. A la fin du repas, il a dit que j’avais des germes de révolutionnaires…
Depuis, je ne comprends toujours pas la moitié des conversations au café, je préfère presque quand ils parlent foot. Heureusement, Thierry tente de m’expliquer le fonctionnement de la bourse et de la gestion de fonds. Je commence à comprendre les EV, EBITDA, etc….les fonds à coussin, les fonds nourriciers… grâce à la bible de la finance : le fameux livre vert : Vernimmen !

Et si la finance avait un tel vocabulaire spécifique que j’ai eu la même impression de dépaysement qu’au Brésil sans le côté exotique car c’est une autre langue, un autre monde et je me demande régulièrement « qu’est-ce que je fais là ? »
Alors, c’est un voyage parisien dans un petit pays du monde « banque » que j’ai entrepris, le défi étant de parler leur jargon, de découvrir le monde de l'entreprise et d'analyser les entreprises vertes! C’est une expérience unique!

Je suis en stage depuis un mois maintenant, je commence à être efficace dans mon travail même si je fais encore souvent semblant de comprendre quand ce n’est pas le cas…et Thierry, avec qui je partage le bureau, m’a adopté : entre 2 cours et avis sur la bourse, nous nous échangeons des recettes de cuisine, parlons éducation, histoire, économie, repassage, astrologie, etc….et surtout, nous rions sans aucune pudeur !
Thierry : « moins 2 ! »
Moi : quoi ? il va faire moins 2 ?...
Thierry : le cours ! n’oubliez pas que vous êtes dans une banque !
 Depuis, je suis toujours en contact avec Martine et Thierry avec qui je déjeune lors de mes passages parisiens. Martine me transmet toujours des newsletters sur le marché ISR que je lis régulièrement et n'hésite pas á m'aider ou á me recommander lors de recherches d'emplois.
Quand j'ai dit á Thierry que je partais vivre au Brésil il y a deux ans, il m'a répondu "Enfin, Pauline, soyez réaliste, vous n'aviez jamais posé votre baluchon ici". Il m'avait bien cernée, n'est-ce pas Thierry?

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