Il y a quelques jours
un lexique de la finance a été publié dans le monde : Les
mots de la finance. L'occasion de partager avec
vous mon expérience de la finance. En 2008, j'ai fait un stage de 7 mois dans
une banque. Ci-dessus ce que j'ai écrit á ce sujet á l'époque:
Il a fallu choisir…un stage !
Je déteste choisir. Je ne sais jamais quoi choisir.
Je
choisis en fonction de « mon feeling » aux entretiens.
Aussi,
un mercredi matin de février, je me suis rendue à un entretien pour être
analyste ISR (Investissement Socialement Responsable), offre à laquelle j’avais
postulé par hasard car c’est « éthique » mais c'est dans une
banque…..
Vincent,
un ami proche, avait réussi à la fois à me faire détester encore plus la
finance et à éveiller en moi une curiosité vis-à-vis de ce monde « à
part ».
A
l’entretien, j’avais peur qu’ils me posent des questions précises, j’ai bien
insisté sur le fait que ce que je préférais dans ISR était SR…Ils ont noté dans
mon CV des éléments de mon parcours jusqu’à là jamais mentionné :
« mon Diplôme de Français Langues Etrangères ». Ils ont été très
accueillants mais je ne m’imaginais pas dans ces bureaux lá.C’était bien trop
calme, trop austère, c’était tout simplement une banque.
Quelques
jours plus tard, j’apprends que je suis prise et qu’il faut que je donne ma
réponse au plus vite. Martine, la responsable, m’explique dans les détails en
quoi ce stage pouvait m’être intéressant mais surtout « que je ne stresse
pas » que je passe un bon week-end ; j’ai beaucoup apprécié son
attention et j’ai senti que c’était une personne non seulement intelligente
mais aussi attentionée. J’ai accepté le stage quelques jours après. J’ai
attendu jusqu’au dernier moment pour signer la convention mais je m’y suis
rendue comme prévu le 21 avril.
Premier
impression : « plus que 110 jours entiers ici à la CIC CM asset
management » 4 rue Gaillon près de l'Opéra.
Le
lieu : l'immeuble est un dédale, plein de bureaux qui se ressemblent,
plein de banquiers et autres cadres actifs qui se ressemblent aussi...des tons
fades, des tables étroites, une lumière morose, une clim cassée, un bureau
petit pour 2, des open spaces, du calme et des tempêtes….un réfectoire et
une cafét’ comme à l’école.Le rush est à 12h30, pas le droit de prendre plus de
2 pains, le café à 40cts, le menu à deux euros. Une machine à café, un
distributeur d’eau, de la moquette sale, des cartons qui trainent.
Les
gens : des bandes de copains de classes ou plutôt de services "
gestion d"actifs" ou « gestion des taux" ou gestion
des...Je suis introduite à tout le personnel de l’étage, le 6ème :
gestion des actifs et commercial., « "pauline dewitte, nouvelle
stagiaire ISR, elle viendra sûrement vous poser des questions, ca l’intéresse
beaucoup ce que vous faites"... « euh..la gestion quantitative
ou structurée ?... » « petites valeurs ou
midcap ? »…je suis perdue. Quelques yeux se lèvent derrière leurs 2
voire 4 écrans d’ordi. Les commerciaux me serrent la main. Je rougis un peu.
Je
découvre le monde de l’entreprise…
10h,
pause café : les amis de Thierry (mon collègue, analyste ISR) parlent
de
la bourse, du cours des actions…etc… « Vous imaginez l’action groupama a
été vendue à 50 euros et 2 mois après elle n’était plus qu’à 30 euros ?
c’est un scandale, n’est ce pas ?.. » J’acquiesce bêtement.
J’avais
oublié le fait que faisant mon stage dans une banque, j’allais être forcément
entourée de gérants et d’analystes financiers. J’étais restée sur mon nuage
ISR= Développement durable.
Le
midi, je déjeune avec Thierry et un autre ami à lui dans la finance aussi et il
me demande entre 2 sushis "pourquoi la finance?". La finance ?.
Et
je lui ai raconté mon parcours : Amérique latine/ socio culturel. Il est
resté pensif autant que moi face au cours de la bourse. A la fin du repas, il a
dit que j’avais des germes de révolutionnaires…
Depuis,
je ne comprends toujours pas la moitié des conversations au café, je préfère
presque quand ils parlent foot. Heureusement, Thierry tente de m’expliquer le
fonctionnement de la bourse et de la gestion de fonds. Je commence à comprendre
les EV, EBITDA, etc….les fonds à coussin, les fonds nourriciers… grâce à la
bible de la finance : le fameux livre vert : Vernimmen !
Et
si la finance avait un tel vocabulaire spécifique que j’ai eu la même
impression de dépaysement qu’au Brésil sans le côté exotique car c’est une
autre langue, un autre monde et je me demande régulièrement « qu’est-ce
que je fais là ? »
Alors,
c’est un voyage parisien dans un petit pays du monde « banque » que
j’ai entrepris, le défi étant de parler leur jargon, de découvrir le monde de
l'entreprise et d'analyser les entreprises vertes! C’est une expérience unique!
Je
suis en stage depuis un mois maintenant, je commence à être efficace dans mon
travail même si je fais encore souvent semblant de comprendre quand ce n’est
pas le cas…et Thierry, avec qui je partage le bureau, m’a adopté : entre 2
cours et avis sur la bourse, nous nous échangeons des recettes de cuisine,
parlons éducation, histoire, économie, repassage, astrologie, etc….et surtout,
nous rions sans aucune pudeur !
Thierry :
« moins 2 ! »
Moi :
quoi ? il va faire moins 2 ?...
Thierry :
le cours ! n’oubliez pas que vous êtes dans une banque !
Depuis, je suis toujours en contact avec Martine et
Thierry avec qui je déjeune lors de mes passages parisiens. Martine me transmet
toujours des newsletters sur le marché ISR que je lis régulièrement et n'hésite
pas á m'aider ou á me recommander lors de recherches d'emplois.
Quand
j'ai dit á Thierry que je partais vivre au Brésil il y a deux ans, il m'a
répondu "Enfin, Pauline, soyez réaliste, vous n'aviez jamais posé votre
baluchon ici". Il m'avait bien cernée, n'est-ce pas Thierry?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire